Ca ne fait pas de moi un
grand connaisseur de la série mais je ne crois pas que ça
m'aurait été très utile pour apprécier le
LDVH de toute façon.
J'avais déjà joué à "La montagne aux
robots" il y a un sacré moment. Je me souvenais encore de
beaucoup de détails, mais pas de la structure de l'aventure.
Bref résumé de l'histoire (pour être honnête,
il est impossible de la résumer d'une façon autre que
brève) : vous avez entendu parler d'une montagne peuplée
de robots où serait caché un fabuleux trésor et
vous avez décidé de faire main-basse sur ces richesses.
Comme vous le voyez, l'auteur (qui est apparemment le même que
celui de la série) ne s'est pas trop foulé la fibre
imaginative. Si j'ajoute que vous devez rassembler au cours de votre
périple les trois bonnes clés afin de pouvoir ouvrir le
coffre au trésor qui vous attend à la fin, je pense que
vous saisirez tous où ce LDVH-ci trouve son inspiration.
Les personnages sont au nombre de quatre : Serge, le leader, que vous
contrôlez ; Xolotl, l'amérindien issu d'une civilisation
mystérieuse ; Thibaut, qui vient du Moyen-Age ; Souhi, une jeune
femme venue du futur. Hormis Souhi, j'avais déjà
découvert les personnages en lisant la série. Leurs
personnalités (pas follement complexes, sans être
totalement simplistes) sont assez respectées. En revanche, cette
chasse au trésor ne correspond pas vraiment avec ce qu'on
découvre d'eux dans les romans, où ils sont bien plus
intéressés par les expériences scientifiques
(-fictionnesques) que par les richesses matérielles. La
dynamique du groupe fonctionne correctement (sans plus), mais ce
défaut de motivation et de contexte nuit à
l'intérêt qu'on peut porter aux personnages.
(En passant, alors que la série semble se situer dans une fin de
XXème siècle assez normale, le LDVH considère
comme parfaitement acquis l'existence de robots
ultra-sophistiqués.)
Après avoir obtenu quelques conseils auprès d'un ancien
aventurier qui s'est déjà aventuré dans la
Montagne (et n'en a visiblement rien retiré de positif), nos
personnages s'en vont à la chasse au trésor.
La structure de l'aventure est livingstonienne en diable. 90 % des
choix offerts au lecteur sont soit du "il y a une porte, est-ce que
vous l'ouvrez ou est-ce que vous continuez le long du couloir ?" (ainsi
que sa variante moins intelligente : "vous avez vaincu le monstre qui
était dans cette pièce, est-ce que vous explorez les
lieux ou est-ce que vous repartez tout de suite ?"), soit du "le
couloir bifurque, est-ce que vous allez à droite ou à
gauche ?" Comme vous vous en doutez, c'est très, très
lassant.
Le style est très limité (un travers bien sûr assez
courant dans les LDVH). Les descriptions sont des plus laconiques : il
faut attendre un bon moment avant de savoir à quoi au juste
ressemblent les couloirs où on passe tellement de temps ! Les
dialogues entre les personnages, sans être divinement
inspirés, sont tout de même mieux.
Les règles sont très proches de celles des
DF. Thibaut est le seul à pouvoir se
battre (avec une épée... nos aventuriers ont quelque peu
négligé les préparatifs de leur chasse au
trésor).
Les monstres sont techniquement des robots mais, en pratique, ils
ressemblent aux monstres ultra-classiques qu'on a l'habitude de
rencontrer (il y a notamment pas mal d'animaux géants).
Du côté positif, la difficulté des combats et des
jets de dés est raisonnable. Il est sans doute possible de
réussir l'aventure avec un score de départ faible. Bien
sûr, la difficulté est très nettement
rehaussée par le fait que tourner à droite alors qu'on
aurait du tourner à gauche ou vice-versa se révèle
souvent synonyme d'échec.
Un détail absurde qui m'a marqué : il arrive dans
certaines pièces de découvrir deux objets, mais de ne
pouvoir en emporter qu'un seul... sans aucune raison !
A noter que ce livre comprend l'un des messages codés les plus
inutiles de toute l'histoire des LDVH. C'est un système
classique de substitution d'un symbole à une lettre. Il n'est
pas trop difficile à résoudre, même sans aide, et
on découvre alors (grosso modo) le texte suivant : "Dans la
montagne aux robots, un couloir n'est pas un autre. La main gauche
n'est pas la main droite. Monter n'est pas descendre. Marcher vers le
nord n'est pas marcher vers le sud et marcher vers l'est n'est pas
marcher vers l'ouest." J'avais bien besoin d'un message codé
pour me le dire, tiens !
Il est possible de mourir au cours de l'aventure, mais c'est peu
probable. La plupart du temps, lorsqu'on échoue (et ça
risque d'arriver souvent si on joue à la
régulière), on reprend connaissance à
l'extérieur de la montagne, délesté de nos
possessions par les robots. Il y a un autre PFA, plus glauque, mais
aussi plus inventif où on reste emprisonné dans la
Montagne pendant des années, dans un état second, avant
d'être finalement relâché ; en une sorte de retour
en arrière décalé, on devient alors
l'ex-aventurier rencontré par les personnages au début de
l'histoire... et on voit justement le petit groupe dont on faisait
partie s'approcher pour nous demander conseil.
En conclusion, "La Montagne aux Robots" est très loin
d'être un LDVH satisfaisant. C'est une transposition directe des
DF sous leur forme la plus basique. Le livre abuse des ficelles
rustiques et rébarbatives sans offrir de moments marquants en
contrepartie. Le fait d'avoir des compagnons dotés d'une
certaine personnalité est appréciable, mais cet aspect
n'est pas d'une qualité suffisante pour pallier au reste. La
difficulté est telle qu'il faut vraiment être un
acharné (ou extrêmement chanceux) pour finir ce livre
à la régulière avant d'en être lassé.
par
Outremer