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La série Histoire (Real Life Book) est souvent connue pour ses
livres à la construction ultra-linéaire, mais qui a
l'avantage de faire découvrir l'histoire et de proposer une
multiplicité des points de vues. Encore faut-il que cela soit
bien écrit.
Il faut le dire clairement, L'Ombre de la Guillotine est un essai, un
brouillon vis-à-vis de la série "Histoire" et ce livre
possède de nombreux défauts qui rende sa lecture d'une
lourdeur assez monumentale. Déjà je préfère
le titre anglais, "Madame Guilotine" et j'aime bien sa couverture qui
sent les vieux romans d'époque.
Ceci dit, on la voit pas beaucoup la Guillotine dans cette histoire,
sauf lorsqu'il s'agit de mourir, le plus souvent lorsqu'on a
échoué au dé ou fait un mauvais choix. La
série "Histoire" est pleine de paragraphes décrivant
votre mort à plus ou moins long terme.
L'histoire
est séparé en deux selon le choix que vous faites dans
les premiers paragraphes du livre. Soit vous tirez sur les
insurgés et vous serez du côté des aristos (vous
avez du sang noble) et tenterez de fuir Paris dans une cariole, soit
vous les épargnez et vous soutenez la cause
révolutionnaire (vous êtes militaire) et vous vous
retrouvez à poursuivre une cariole pleine d'aristocrate. Le
parrallèle est intéressant, mais parfois, il est
très mal venu.
Ainsi, que vous soyez du côté révolutionnaire ou du
côté aristocrate, vous rencontrez une forme de fanatisme
assez trouble de l'autre côté, avec des hommes près
à se suicider pour laisser passer une cariole ou des
révolutionnaires qui n'hésitent pas à prendre des
gens en otage pour vous empêcher de passer. Bon, ok, ça
montre que dans l'Histoire personne n'est ni tout blanc, ni tout
noir, d'ailleurs, comme dans les bouquins d'Histoire, le meilleur moyen
de s'en sortir est d'être le plus couard, d'écraser les
autres pour se faire une place, quitte à laisser les infirmes
comme appât.
Du coup, si cet "anti-manichéisme" est plutôt bien vu, au
fond, vous ne savez plus vraiment ce que vous fuyez ou pour quelle
cause vous vous battez. Mis à part un discours de Danton
à un moment, la prise de la bastille dans une autre, les notions
historiques sont vraiment floues : les combats en vallent d'autres.
Drôles de notions de l'histoire dont on explique vaguement les
causes, plus vraiment les enjeux et pas du tout la conclusion. (A ce
propos, les fins sont vraiment des foutages de gueule. Certaines
d'entre elles atteignent presque deux ou trois lignes.)
Ca en deviens même plus pataud lors de la poursuite de la cariole
(du côté révolutionnaire, donc.) En effet, ce
passage peu arriver très tôt ou très tard dans
l'histoire, et se déroule de la même façon sur sa
longueur. Du coup, si vous avez eu la chance de lambiner (vous
croupissez même en jaule si vous avez fait des mauvais choix)
vous pourrez progressivement constater que la Révolution a fait
son oeuvre, et l'intrigue parait correcte, car des nobles qui fuient
Paris peu de temps après que le roi se soit fait prendre
à Varennes, c'est crédible. Par contre, si cette intrigue
intervient rapidement, vous vous retrouvez quasiment du jour au
lendemain d'une France divisée mais royaliste, à une
France républicaine qui n'hésite pas à faire la
peau aux aristos. Déstabilisant et réellement
embrouillant.
Ce qui est marrant, c'est cette façon d'avoir deux voies et demi
:
A- Vous êtes toujours aristocrate et dans l'armée.
B- Vous démissionnez, avez des problèmes, puis rejoignez
la révolution (voie révolutionnaire plus longue)
C- Vous passez dans le camp des révolutionnaires
mais malgré cette alternance, c'est quand même ultra
linéaire. L'un des pires exemple est cette lettre que vous
recevez de votre mère vous demandant d'aller la voir. Soit vous
allez la voir immédiatement (§ 92) soit vous décidez
de rester sur Paris (§ 29) mais vous vous recevez une autre lettre
dans la semaine qui suit et du coup vous êtes automatiquement
redirigé vers le § 92 ! On a l'impression d'un vague
foutage de gueule destiné à remplir le quota de
paragraphes.
Pareil, j'ai relevé de nombreuses fois pas moins de 6
paragraphes à la suite ne menant qu'à un choix unique de
paragraphe. A ce point là, on a même plus l'impression de
jouer.
De plus, sur certains passages de textes on a l'impression que
l'écriture d'un paragraphe ne justifie que l'utilisation d'une
des compétences disponible au début du livre. Si la
compétence "équitation" est plutôt bien
gérée, on trouve parfois des passages qui font "tache".
Le pire doit-être cet intermède un peu stupide ou vous
vous retrouvez en duel contre l'un de vos alliés pour une
broutille de voyage. (C'est vrai, aller se battre en duel alors qu'on
est poursuivit par les forces révolutionnaires, c'est tout
à fait le moment!)
Au point de vue background, aucun personnage secondaire
intéressant (plus vous faites dans l'égoïste, mieux
vous vous en sortez) et vous n'apprendrez rien de vraiment très
intéressant sur la révolution française et que
vous ne saviez pas auparavant. Seules les illustrations, plutôt
intéressante, vous replongerons dans l'ambiance
révolutionnaire (et à la limite, si vous écoutez
"Ha ça ira!", "La Carmagnole" ou "La Marseillaise" pendant la
lecture du livre.)
En conclusion, la collection "Histoire" démarre mal avec ce
premier opus, et même "
A feu et à
sang" que j'avais moyennement aimé est plutôt mieux
construit en comparaison. A vrai dire, je prèfère me
relire Marat/Sade de Peter Weiss.