J'ai
donc passé un bon moment avec cette histoire sentant la mort et
le spiritisme à plein nez. La thématique est très
prononcée, un peu comme dans
la Vengeance
des Démons sauf que les démons sont ici
remplacés par les morts-vivants. Même le big boss est
l'équivalent d'un prince-démon mais dans la
hiérarchie improbable des avatars de la Mort. C'est l'un des
défauts que j'ai trouvés à cette aventure, toutes
les rencontres hostiles se font face à des non-vivants
maléfiques, les traditionnels gobelins étant
remplacés par des esprits, les orques par des fantômes,
les dragons par des dragons-squelettes... Bref, cet étalage de
revenants devient peu à peu rébarbatif. Cela s'explique
par le scénario qui implique que seuls des esprits peuvent
blesser un esprit (nous-même) mais ces nombreux combats face
à des êtres désincarnés ont à force
une saveur artificielle.
Par contre, le cadre retire l'attention. Une région de falaises
battues par la mer et le vent, une lande hantée, un village
maudit, un château corrompu par le mal, le décor a de quoi
intensifier le désespoir de cette histoire où le
héros trouve la mort juste au moment de retrouver les siens. Le
scénario original captive dans un premier temps : on n'a pas
l'habitude de jouer un fantôme qui peut terroriser les vivants,
passer à travers les portes, adopter une forme
éthérée pour voler, mais surtout aller à la
rencontre de ses amis encore vifs. Ce dernier point est très
intéressant mais aurait pu être mieux traité car il
tourne vite à une redondance dans les réactions : nos
alliés reprennent courage et nous aident tandis que les
lâches ou nos ennemis s'enfuient en donnant l'alerte. Je
schématise mais c'est un peu ça.
Toujours au niveau de l'atmosphère, la partie finale des
souterrains gâche un peu l'exploration précédente
et minutieuse du château. On y retombe dans des déboires
classiques avec une flopée de monstres et d'objets utiles pour
le combat final. En fait je suis un peu déçu que
l'idée de départ, excellente avec ce rôle de
revenant, les pouvoirs qui vont avec et l'idée de
reconquérir sa forteresse conquise par le mal (ce château
que l'on peut explorer dans le détail m'a agréablement
rappelé le château Wittgenstein du scénario Mort
sur le Reik pour le jeu de rôle Warhammer. D'ailleurs le chasseur
de fantômes Von Richten rappelle terriblement les
répurgateurs de cet univers). Mais la finition est beaucoup plus
classique, l'auteur ne nous surprenant pas vraiment tant dans les
rencontres effectuées, les risques encourus, les
réactions des personnages ou même le dénouement
avec le sacrifice invocatoire. Une bonne idée de départ
médiocrement exploitée.
Mais malgré cette impression, je trouve que c'est globalement un
bon LDVELH. La difficulté est bien dosée avec un
système de morts multiples surprenant, des combats un chouilla
trop nombreux mais de multiples manières de les aborder
grâce aux pouvoirs spectraux ou aux objets que l'on peut
acquérir. A ce titre, la scène finale, si elle est
prévisible, est très bien menée d'un point de vue
ludique. Même les habiletés faibles peuvent s'en sortir si
l'on a les bons atouts en main. Dommage que l'aventure soit un peu trop
facile pour les habiletés maximales (comme le perso
pré-tiré de la femme-chevalier) car hormis quelques
énigmes mortelles, notre perspicacité n'est qu'assez peu
sollicitée, la force brute permettant toujours de se sortir des
pires situations.
par
Fitz